Soigner les tumeurs cérébrales pédiatriques
Chaque année, en France, on compte 500 nouveaux cas de tumeur cérébrale chez les enfants de moins de 18 ans. Elles représentent la 2e cause de mortalité liée au cancer chez l'enfant. Depuis maintenant plusieurs années, la guérison oncologique des enfants s’améliore grâce au perfectionnement des thérapeutiques (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie). La chirurgie reste la pierre angulaire du traitement: elle consiste à retirer tout ou une partie de la tumeur. Après l'opération, la récupération et les déficits post-traitement restent cependant très différents entre les enfants, même pour ceux souffrant d'une tumeur identique et avec un traitement similaire. Actuellement, il nous est impossible d’expliquer ces différences.
A Lyon, une équipe souhaite identifier les facteurs de risques thérapeutiques qui expliqueraient les disparités entre les patients. L'objectif ultime ? Opérer les enfants en écartant tout risque, et "prédire" leur récupération en leur proposant des techniques de réhabilitation spécifique !

Responsable du projet :
NomCristofori - Beuriat
PrénomIrène - Pierre Aurélien
Nos objectifs :
Irène Cristofori, docteur en neurosciences à l’Institut des Sciences Cognitives, et Pierre-Aurélien Beuriat, neurochirurgien pédiatrique à HFME travaillent depuis longtemps sur cette question et sont les porteurs de ce projet qu’ils nous présentent.
La moitié des tumeurs du système nerveux central de l’enfant sont localisées dans le cervelet. Après le traitement chirurgical, la récupération fonctionnelle varie considérablement d’un patient à l’autre. Certains facteurs sont connus et il est notamment établi que l’atteinte des noyaux profonds (regroupements de neurones situés situés au coeur du cervelet) par lésion chirurgicale est un facteur pronostic majeur de mauvaise récupération fonctionnelle.
Pour minimiser les risques chirurgicaux et prédire le niveau de récupération fonctionnelle à long terme des enfants, nous voulons améliorer la localisation des noyaux profonds du cervelet. Pour cela, nous prévoyons de mettre en place un dispositif regroupant une évaluation des fonctions motrice, cognitives et sociales, l’utilisation d’outils d’imagerie par résonance magnétique (IRM) haute définition pré et post-opératoire, ainsi que l’utilisation d’outils de cartographie électrophysiologique pendant l’opération.
L’ambition ?
Cette étude vise à créer un réseau de recherche connecté, alliant la recherche clinique à la recherche fondamentale pour préserver la qualité de vie de ces enfants en optimisant leurs prises en charge cliniques et opératoires. Un suivi unique en pré, per et post-opératoire sera réalisé. Ce projet est innovant car aucune étude complète et longitudinale n’a jamais été réalisée chez des enfants porteurs d’une tumeur cérébrale. Ces données pourront faire avancer la recherche scientifique et d’anticiper les éventuelles séquelles. Des stratégies thérapeutiques précoces et adaptées pour chaque enfant pourraient être mises au point.
L’opportunité de ce projet : les évolutions technologiques, mais pas que !
L’arrivée des nouvelles technologie nous permet d’imaginer des études de plus en plus poussées. Ici, nous ferons notamment appel à l’intelligence artificielle pour la location de la lésion tumorale, et à un nouvel appareil qui mesure l’activité électrique du cerveau. Par ailleurs le recours à des bilans neuropsychologiques très poussés est totalement inédit.
Quelles retombées pour les enfants ?
Elles sont considérables ! Fondamentalement, cela permettra de mieux comprendre la connectivité cérébello-corticale et cérébello-cérébelleuse et les processus de récupération fonctionnelle après une lésion tumorale du cervelet chez l’enfant. Cliniquement, cela permettra une meilleure prise en charge du patient. A terme, on pourrait « prédire » si la récupération sera compliquée et mettre en place des programmes de rééducation spécifiques, ce qui devrait conduire à une meilleure récupération des fonctions motrices, cognitives et sociales et donc une amélioration de la qualité de vie du patient et des familles après traitement. Un pas de géant dans la prise en charge des tumeurs cérébrales chez l’enfant !
De quoi l’équipe a besoin ?
Vos dons permettront de financer une partie des frais de matériels et de personnels nécessaires à la bonne réalisation du projet : stagiaires de master, tests neuropsychologiques, matériel de stimulation opératoire, et deux ordinateurs portables.
15 140€ / 29 000€
Avec votre don, accélérez la recherche sur les tumeurs cérébrales infantiles !

L’équipe Neural and Cognitive Control of Action (de gauche à droite: Michel Desmurget DR Inserm, Lara Bardi, CR CNRS, Marina Veyrie Neuropsychologue/étudiante en thèse, Irene Cristofori MCU Lyon 1, Pierre-Aurélien Beuriat, neurochirurgien HFME).
Nous avons prévu d’inclure 50 enfants (12 mois à 18 ans) sur trois ans pour cette étude.
Les étapes :
1. Evaluations neuropsychologiques pour évaluer les déficits quotidiens, les fonctions motrices, exécutives, sociales etc… Il s’agit de deux séances de deux heures avant la chirurgie, puis lors des visites de contrôle post opératoire. Les résultats neuropsychologiques seront couplés à des données cliniques et d’imagerie.
2.Imagerie par résonnance magnétique haute définition (pré et post chirurgicale) pour localiser les noyaux cérébelleux et la lésion tumorale. Contrairement aux études précédentes menées en 2017 sur un champ magnétique élevé (7T), les méthodes d’imagerie proposées seront utilisables sur des machines IRM cliniques à 3T, disponibles à grande échelle dans l’environnement hospitalier et plus facilement accessibles. En effet l’apport de l’intelligence artificielle permettra de dessiner la lésion tumorale de façon semiatomatique;
3. Elaboration d’une cartographie électrophysiologique du cerveau, un outil unique pour étudier l’organisation anotomo-fonctionnelle du cerveau humain. Cette technique a démontré son utilité pour réduire les déficits postopératoires chez les patients. Les données acquises lors des enregistrements peropératoires présentent aussi un intérêt majeur pour améliorer les connaissances fondamentales. Cette méthode est possible grâce à un nouvel appareil d’enregistrement et de stimulation corticale, INOMED (système ISIS IOM) acquis en 2018.
Je soutiens ce projet
Faire un donIrene Cristofori répond à nos questions !
Depuis combien de temps travaillez-vous sur les tumeurs cérébrales ?
Depuis 2017, de retour depuis mon postdoc à la Northwestern University (Chicago, USA), j’ai eu la chance de rencontrer Pierre-Aurélien qui était en train de terminer sa thèse. Depuis ce jour, notre collaboration vise à mieux comprendre les séquelles post-opératoires des enfants porteurs d’une tumeur cérébrale afin de leur permettre une vie plus épanouie.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre travail ?
Avoir l’opportunité de mettre la recherche au service direct des patients ainsi que de leurs familles. Mais également de pouvoir, sur du long terme avoir la possibilité de fournir des thérapies individualisées pour chaque enfant, afin de minimiser leurs déficits et rendre plus faciles leur réinsertion dans le contexte scolaire et familiale.
Comment ce projet de recherche a-t-il vu le jour ?
Grace à la collaboration de notre équipe avec une équipe de cliniciens passionnés par la recherche et motivés par l’envie d’offrir une meilleure prise en charge thérapeutique à ces enfant
Quel est votre meilleur souvenir de chercheur ?
Le lien qui peut se créer avec les familles et les enfants est certainement le meilleur souvenir de ces dernières années, observer la récupération et l’évolution de chaque enfant est également la plus belle récompense de ce métier.