Appel à projets 2023

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Deux appels à projets sont coordonnées en 2023 par la Fondation Neurodis sur la SLA et les maladies neurodégénératives, pour une dotation totale de 100 000 €.  Après une évaluation menée par des experts nationaux et internationaux, le Comité Exécutif a pu se réunir le 4 mai pour la délibération finale. Découvrez les trois lauréats !

Appel à projet Rotary/SLA (ou maladie de Charcot)

Le Rotary d'Ambérieu-en-Bugey souhaitait contribuer aux avancées de la recherche sur la sclérose latérale amyotrophique. Grâce à leur soutien, un appel à projets sur la SLA a été déployé sur la région AURA, qui récompense aujourd'hui un projet d'excellence scientifique sur cette maladie dévastatrice.
Pr Stéphane Thobois, président de la Fondation Neurodis

Le lauréat : Dr Julien Aureille

Il explore la piste d'une protéine appelée KANK1, son interview exclusive en bas de page !

La sclérose latérale amyotrophiante (SLA) est une maladie caractérisée par une dégénération rapide des neurones moteurs. Une des particularités de ces neurones est la longueur de leur prolongement qui peut atteindre jusqu’à 1 mètre. La croissance de ces prolongements implique la capacité du neurone à interagir avec son environnement via des zones spécialisées, les points d’adhérence. Nous avons montré dernièrement que la protéine KANK1, présente dans ces points d’adhérence, régule la dynamique de ces zones en recrutant des filaments présents à l’intérieur des neurones appelés microtubules, indique le Dr Aureille. De manière frappante, une étude récente a révélé que la protéine KANK1 est majoritairement retrouvée mutée dans la SLA. Ainsi, notre objectif est de déterminer en quoi les formes altérées de KANK1, retrouvée dans la SLA, entrainent des défauts au niveau des microtubules et des adhérences, favorisant de mauvais prolongements et connexions neuronaux pouvant conduire à une dégénérescence neuronale.

Merci au Rotary d’Ambérieu-en-Bugey pour sa générosité et son soutien aux neurosciences régionales !

Appel à projet maladies neurodégénératives

La lauréate : Dr Mireille Albrieux

Elle explore la piste du canal astrocytaire TRPA1 !

L’échec récurrent des stratégies thérapeutiques mises en oeuvre dans la maladie d’Alzheimer est en partie dû au fait qu’elles ciblent des stades tardifs de la maladie. Nous avons découvert une nouvelle cible thérapeutique neuroprotectrice prometteuse, le canal TRPA1, dont l’inhibition s’est avérée être efficace dans un modèle murin de la maladie d’Alzheimer explique Mireille Albrieux. Ce canal astrocytaire est activé par le peptide β-amyloïde et entraîne une hyperactivité des neurones voisins, déclenchant progressivement une neurodégénérescence irréversible. Nous avons montré qu’un traitement chronique avec un inhibiteur de TRPA1 dans un modèle de souris transgénique protège les synapses de cette dégénérescence irréversible et prévient la perte de mémoire caractéristique de cette pathologie. L’objectif de ce projet est de caractériser de quelle manière le peptide β-amyloïde agit sur le canal TRPA1 et quelles sont les conséquences fonctionnelles et structurales de cette activation. Ce projet permettra de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques à l’origine de la maladie d’Alzheimer et de développer une thérapie neuroprotectrice efficace ayant un fort impact médical et sociétal.

  • Le projet est mené à l’Institut des neurosciences de Grenoble, par l’équipe “Equipe « Neuropathologies et dysfonctions synaptiques »
  • Durée : 2 ans.
  • Montant du soutien : 25 000 €

La lauréate : Dr Hélène Puccio

Elle explore la piste du développement des neurones proprioceptifs !

L’ataxie de Friedreich est une maladie rare génétique due à des mutations dans le gène de la frataxine. Chez les patients, les atteintes sont multiples, allant du système nerveux central et périphérique au coeur et pancréas. La perte de proprioception, étant la perception de la position du corps dans l’espace, est la conséquence de la dégénérescence des neurones proprioceptifs au sein des ganglions dorsaux rachidiens. De nombreuses études issues de tissus humains mettent en avant une composante développementale. Notre étude a pour but de déterminer si des défauts neurodéveloppementaux pourraient fragiliser puis contribuer à la dégénérescence des neurones proprioceptifs. Connaitre le début de l’apparition des atteintes neurologiques permettrait d’ajuster les stratégies  thérapeutiques pour cette maladie qui reste, à ce jour, incurable.

Ces appels à projets sont entièrement financés avec les dons privés que reçoit la Fondation Neurodis : merci à nos donateurs, particuliers, associations et entreprises, qui participent aux progrès des connaissances neuroscientifiques !

Interview du Dr Julien Aureille : les coulisses de son projet de recherche !

Petit, rêviez-vous d’être chercheur ? 

Pas du tout. Je voulais d’abord être pilote de chasse. Malheureusement on m’a découvert une myopie et j’ai dû renoncer. J’ai entamé des études d’ostéopathie et c’est au cours de cette formation, en 3ème année pendant les cours de biologie cellulaire qu’est née ma passion pour la recherche et plus particulièrement celle de la recherche fondamentale. Je suis donc retourné sur les bancs de la fac avec une première spécialisation en physiologie cardio-vasculaire avant de me diriger vers une thèse en sciences fondamentales.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours de scientifique et comment vous avez intégré l’équipe grenobloise d’Isabelle Arnal et Annie Andrieux ? 

J’ai fait ma thèse en biologie cellulaire à l’Université Grenoble Alpes sous la direction du Dr Guilluy.  Je me suis intéressé à l’impact de la déformation mécanique de l’enveloppe nucléaire sur le contrôle des fonctions cellulaires telles que la prolifération et la régulation du cycle cellulaire. Par la suite, je suis parti à Singapour pour un contrat de recherche au Mechanobiology Institute dans l’équipe du Pr Alexander Bershadsky pour cette fois-ci m’intéresser à la diaphonie qui existe entre deux types de cytosquelettes présents dans les cellules et son rôle dans la régulation de la dynamique des adhérences cellulaires. Ces molécules à l’interface des cellules et la matrice environnante et orchestrent une pléthore de fonctions comme la migration, la division et la survie cellulaire.

À mon retour en France, j’ai cherché un laboratoire avec une thématique de recherche différente de celles que j’avais pu suivre jusqu’à présent. L’ Institut des neurosciences de Grenoble fut tout naturellement désigné. L’immensité du monde des neurosciences s’ouvrait avec sa multitude de questions passionnantes dont certaines d’entre elles m’ont été chaleureusement confiées par Isabelle et Annie. L’idée était ainsi de partager mes connaissances dans le domaine de la mécanotransduction à la thématique de l’équipe : la structure et la dynamique du cytosquelette neuronal.

 Depuis combien de temps travaillez-vous sur la SLA et qu’est ce qui vous a interpellé sur cette pathologie ? 

Depuis très récemment. J’ai découvert la SLA l’année dernière lorsque je suis tombé sur un article qui mettait en avant l’implication importante de la protéine KANK dans cette pathologie. C’est une des protéines sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé au cours de mon séjour postdoctoral à Singapour.

Quelle est l’histoire de ce projet, comment l’avez vous conçu ?

Tout a commencé avec un édito dans Nature Reviews in Neurology qui mettait en avant la découverte de la protéine KANK1 qui se retrouve être particulièrement mutée dans la SLA. Cet article m’a très rapidement interpelé d’autant plus que lorsque je suis revenu de Singapour, j’ai apporté avec moi tous les outils que j’avais développé là-bas pour étudier cette protéine. L’équipe d’Annie et Isabelle possédant une solide expertise dans la structure du cytosquelette des neurones, combiné avec les outils et les modèles expérimentaux déjà mis en place. J’ai décidé alors de postuler à l’appel d’offre SLA/Rotary 2023 de la Fondation Neurodis, et de monter un projet de recherche à l’interface de l’expertise de chacune des personnes avec qui j’ai la chance de travailler aujourd’hui.

 Qu’est-ce que le financement de la Fondation Neurodis va apporter ; quel est son impact ? 

 Ce financement va être extrêmement important. Avant tout il va permettre de financer deux années pour des étudiants en master 2 qui vont ainsi venir renforcer la main d’œuvre pour ce projet de recherche pendant plus d’un an réuni. Il va permettre également l’acquisition de matériel indispensable à la réalisation de certaines expériences (comme les expériences de microscopie à force atomique, de microscopie de force de traction, ainsi que les expériences de micropatterning pour la normalisation des données issues d’imagerie par microscopie). Enfin, il va permettre de financer le consommable et les réactifs pour la mise en œuvre expérimentale (les anticorps, des molécules activatrices et inhibitrices, des boites de pétri, etc…).

Pourquoi le mécénat de particuliers, fondations, entreprises est utile à la recherche ?  

Il n’est pas qu’utile, il est littéralement indispensable. L’argent de la recherche publique en France est en baisse constante et la majorité des projets de recherche ne sont même pas initiés, faute de moyen. L’argent des mécènes, quel qu’il soit, particulier, fondation ou entreprise, est une véritable bouffée d’oxygène pour la recherche. Il est moteur de tout un écosystème car non seulement cela permet d’initier des nouveaux projets mais également de recruter des étudiants et du personnel indispensables pour leurs mises en œuvre. C’est un véritable levier de motivation et de concrétisation.

 Le souvenir le plus fort de votre carrière ? 

Lorsque je suis arrivé dans mon nouveau laboratoire à Singapour. L’éminence de l’institut associé à l’exotisme du pays font de ces années, les souvenirs les plus fort de ma carrière.