Journée mondiale Parkinson

Publié le : 11.04.2024

Des nouvelles du Dr Patrice Fort, lauréat de l'appel à projet 2020 de la Fondation Neurodis sur la maladie de Parkinson !

La journée mondiale de la maladie de Parkinson est l’opportunité de prendre des nouvelles du Dr Fort, qui a reçu un soutien de 50 000 € de la Fondation Neurodis grâce à votre générosité pour comprendre les liens entre troubles du comportement en sommeil paradoxal et maladie de Parkinson. Il raconte l’histoire de son projet, et explique comment la générosité du public est décisive pour impulser la recherche.

Les détails sur l'appel à projets 2020

L'origine du projet

Ce projet est né d’un constat assez étonnant, précise Patrice Fort, il existe de nombreuses études concernant la qualité du sommeil suite à l’apparition des premiers symptômes de la maladie de Parkinson (MP) mais très peu n’abordent son dérèglement dans la période asymptomatique, précédant la survenue des signes cardinaux de la maladie de Parkinson. Pourtant, le lien de phénoconversion des troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) en maladie de Parkinson a été établi de façon solide chez les patients.

L'hypothèse scientifique

Le troubles du comportement en sommeil paradoxal (TSCP) est une pathologie spécifique du sommeil paradoxal (SP), état physiologique pendant lequel le corps est paralysé, empêchant ainsi le dormeur de vivre ses rêves. Les patients TCSP perdent cette paralysie et extériorisent leurs rêves sous la forme de comportements vifs et incontrôlés affectant grandement leur qualité de vie. Les études sur le TCSP suggèrent la contribution d’agrégats d’alpha-synucléine pathologique (aussi appelés Corps de Lewy) localisées au sein du tronc cérébral responsable de l’expression du SP. La principale cible serait le noyau sublatérodorsal (SLD), dont nous avons démontré l’implication directe dans l’expression de cette paralysie chez les rongeurs.

A partir de ces connaissances, notre objectif expérimental est de reproduire le syndrome de TCSP dans un modèle murin afin de comprendre son évolution vers la MP en passant par deux approches : anatomique et comportementale. Notre hypothèse est que des agrégats apparaitraient précocement au niveau du noyau sublatérodorsalet se propageraient ensuite de proche en proche par l’intermédiaire des faisceaux neuronaux de structures interconnectées à l’ensemble du cerveau. L’étude et la compréhension de cette propagation intracérébrale insidieuse au cours des années (période présymptomatique) constitue un axe de recherche fondamental et nécessaire à l’élaboration de traitements préventifs.

L'état d'avancement

Nos travaux en cours ont permis de caractériser finement chez la souris sauvage jeune (3 mois) et âgée (15 mois) la propagation au cours du temps de la maladie induite par une injection unilatérale d’alpha synucléine pathologique dans le SLD. A 30 jours post-injection, des corps de Lewy infectent bilatéralement le tronc cérébral alors qu’à 90 jours, des structures majeures impliquées dans la MP sont également impactées comme la substance noire et le striatum. Paradoxalement, l’analyse comportementale des souris traitées pendant plus d’une année a certes montré quelques signes précoces de TCSP mais aucun comportement moteur anormal laissant penser à la survenue d’une MP sur le long terme. De plus, plus aucun agrégat pathologique n’est encore détecté après un an de survie dans le cerveau des souris jeunes ou adultes. Ces résultats bien que décevants indiquent cependant que la protéine pathologique n’est pas suffisante pour induire la phénoconversion TCSP vers MP chez des animaux sains et en bonne santé. Il faut donc envisager la contribution d’autres facteurs génétiques et/ou immunitaires, par exemple.

Pour tester cette nouvelle hypothèse, nous avons débuté une étude sur un modèle de souris transgéniques bien connus des chercheurs du domaine pour développer « naturellement » un syndrome parkinsonien (souche M83) au cours du vieillissement. De façon très étonnante, personne ne s’était encore intéressé à leur sommeil pendant la période présymptomatique. Nos derniers résultats sont extrêmement encourageants car ces souris développent du TCSP spontané dès l’âge de 9 mois, avant de déclarer des symptômes moteurs cardinaux de la MP. Notre équipe à laquelle vient de se joindre une nouvelle doctorante a donc bon espoir que ce nouveau modèle murin nous aide dans les prochains à décrypter les mécanismes sous-jacents de cette phénoconversion du TCSP en MP, comme rapportés chez les patients.

L'importance des dons !

L’aide financière complémentaire de 50 000 € au budget récurrent que nous a attribué la fondation Neurodis a eu un impact décisif, indique Patrice Fort, car il a permis à ce projet expérimental, commencé timidement sans grand moyen financier, de franchir un vrai cap. Cette bouffée d’oxygène a boosté les expérimentations grâce à la mise à niveau technologique des différents postes de travail et l’aide fructueuse d’étudiants passionnés par ces recherches. Par ailleurs, des projets précliniques comme le nôtre s’inscrivent sur le long terme et se situent souvent trop en amont pour obtenir d’autres types soutiens financiers comme ceux de l’industrie pharmaceutique. Aussi, des fondations comme Neurodis représentent clairement un soutien crucial aux équipes développant des projets novateurs en Neurobiologie expérimentale et pour le progrès des connaissances physiopathologiques des maladies du cerveau.

 

L’aide financière nous a attribué la fondation Neurodis a eu un impact décisif, car il a permis à ce projet expérimental, commencé timidement sans grand moyen financier, de franchir un vrai cap.
Dr Patrice Fort

Un grand merci à nos généreux donateurs qui grâce à leurs dons apportent des moyens concrets à la recherche !

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